Centre psychothérapique de l'Ain
Au sein du centre thérapique de l’Ain, de nombreux enfants sont accueillis chaque jour par une équipe pluridisciplinaire. Ils présentent tous de fortes personnalités et quelques troubles qui ne leur permettent pas toujours d’interger le système scolaire cassique. Certains se rendent pourtant à l’école quelques jours par semaine avec l’aide d’une assistante de vie scolaire. Les jours restant ils grandissent ici, au centre ou chaque enfants est accompagné de manière personalisé et minutieuse.
Plusieurs activités rythmes leur quotidien et l’équipe pluridisciplinaire a décidé de faire appel à moi pour proposer un projet artistique qui favorise l’affirmation de soi, la communication et la relation, sur plusieurs mois. Il me semblais important d’apporter un projet aux enfants qu’ils puissent facilement s’approprier. Partir d’un sujet accessible, qu’ils aiment, dans lequel ils peuvent se projeter. Il devait permettre aux enfants d’investir leur lieu d’accueil, de manière ludique, en laissant la trace de leur décisions et de leurs expériences.
Nous avons commencé par une manipulation de glaise afin d’évaluer les centres d’intérets, les capacités de chacun, et la dynamique du groupe. Un état de base se dessinant peut à peu pour chacun, et un projet s’écrivant à sa suite. Certains enfants ont exprimé de manière franche leurs désirs tandis que certains ont eu besoin de sollicitation de notre part et davantage d’accompagnement. La manipulation de la matière a été appréciée pour la plupart, jusqu’à ôter les gants et parfois source de débordement. L’élaboration et l’affirmation des formes et des couleurs nous laissaient envisager la construction future de projets plus élaborés à long terme. Il était toutefois nécessaire de garder une distance entre certains enfants afin qu’ils ne se perturbent pas dans leurs activités, jonglant ainsi sur les dynamiques individuelles et collectives. D’une semaine à l’autre ils ont retrouvé leurs productions, suffisamment stimulantes pour qu’ils veuillent les poursuivre et les terminer.

Nous avons ensuite proposé des productions de tailles plus imposantes, dont l’élaboration s’étendrait sur plusieurs semaines. Nous avons commencé par deux projets de sculptures en carton dont le sujet a été choisi par deux enfants. A échelle humaine voire davantage, les productions ont demandées une réelle implication physique pour tenir, découper, écraser, rouler, ou recouvrir. Elles ont sollicité de la motricité, de l’imagination et de l’adaptation. Chaque étape a fait appel à leur décision, leur choix et surtout à des compromis. Tous les enfants ont participé et ont accepté d’aider les autres même sur de courtes durées, malgrés que les projets ne soient pas toujours les leurs, parfois par mimétisme et souvent avec des débordements. Même en construisant des projets parallèles la direction des travaux était surveillée et orientée. La troisième sculpture de carton, un dragon, a été commencée pour répondre à une forte demande. L’impatience se faisait sentir et la réalisation n’en a été que plus dynamique. Ce projet a généré davantage d’entraide et les objets en phase de finition étaient surement une source de motivation. En acceptant de se détacher un peu de leur modèle, les enfants ont dû prendre des décisions ou du moins accepter les compromis proposés.



En ayant auparavant parler de leur mise en espace, nous avons installé les sculptures dans le centre de jour. Reste à appréhender leur devenir face aux intempéries et l’acceptation des enfants face à l’éphémère.
Lors de ces interventions j’aurais aimé pouvoir prendre d’avantage de temps avec chaque enfant afin qu’il s’ex- périmente et manipule davantage. Car ces sculptures, bien qu’elles soient totalement imparfaites, étranges et décalées, sont les leurs. Telles qu’ils les souhaitent, précisent là ou c’est important pour eux et abstraites là où leur imagination prend le relais.


